Je
ne veux pas jouer les rabat-joie devant l’empathie soudaine de Monsieur Vivien
Pea, à l’égard de la cause estudiantine ni de sa volonté de faire du Gabon un
Etat de droit, en « coupant les têtes » des magistrats et des Doyens de
Facultés.
A
la lecture de la déclaration de notre jeune compatriote, deux ou trois
incompréhensions m’obligent à prendre ma plume ce matin.
Le
Doyen AKOUMBOU m'a enseigné que la loi s’applique à tous, qu’elle protège ou
qu’elle
punisse. Il s’agit là d’un principe général du droit connu par tous les
étudiants de première année de licence en droit.
Quelle
est cette loi à géométrie variable que Vivien Pea veut voir les magistrats du
tribunal de Libreville appliquer ? Quelle est cette autre loi que le sieur Pea
ne veut absolument pas voir les magistrats appliquer ?
La
loi gabonaise doit-elle punir sans protéger ?
A
quel titre, grade et qualité Monsieur Vivien Pea peut commander publiquement à
Ali Bongo ODIMBA chef de l’Etat de « Couper les têtes » des Magistrats qui, aux
termes de la Constitution gabonaise rendent la justice au nom du peuple gabonais
?
Monsieur
Vivien Pea, qu’elle est votre conception de l’Etat de Droit ?
Selon
vos insinuations, dès lors qu’une décision de justice n’est pas conforme à la
vision et ne cadre pas avec les intérêts supérieurs du chef de l’Etat, ce
dernier doit convoquer le Conseil Supérieur de la Magistrature pour couper les
têtes à des Magistrats et à des Doyens de Faculté de droit ?
Si
telle est votre conception de l’Etat de droit au PDG, nous comprenons
parfaitement pourquoi l’étudiant FIRMIN OLLO OBIANG est incarcéré depuis six
mois en violation de tous les principes qui garantissent à tous les prévenus la
tenue d’un procès équitable. Le droit élémentaire de chaque citoyen à défendre
ses prétentions devant un tribunal impartial et dans des délais raisonnables
n’a pas été reconnu à ce jeune compatriote.
Nous
comprenons mieux pourquoi face à ce drame judiciaire et familial, vous avez
gardé le silence !
L’incarcération
illégale de FIRMIN OLLO OBIANG n’étant pas contraire à la vision et à la
politique pénale du chef de l’Etat, vous n’avez pas jugé intelligent de
demander à ce dernier de couper les têtes des magistrats qui ont incarcéré
arbitrairement ce jeune patriote.
Cher
Monsieur, Frère, le silence est parfois plus éloquent que les longues
incantations. Si je décide de rompre mon mutisme ce jour c’est que je crois
fermement que notre génération doit assumer sa part de responsabilité dans
l’élan que nous voulons donner à notre jeune démocratie. Si les discours
suffisaient à régler tous les problèmes de notre société, le Gabon ne serait
pas là où il est aujourd’hui. Le pays est empêtré dans une crise sans précèdent
et pourtant comme beaucoup, vous soutenez mordicus que tout va bien. Du reste,
vous n’avez jamais crié votre indignation contre les nombreuses violations de
droit que subissent nos compatriotes au quotidien, considérant que, si l’image
et la personne de monsieur Ali Bongo ONDIMBA ne sont pas directement impliqués,
vous pouviez garder le silence complice de ceux qui cautionnent les atrocités
faites au peuple.
Ce
ne sont pas des manières très intelligentes de défendre son Patron que de le
caresser dans le sens du poil. Ce ne sont pas des pratiques républicaines, que
de jeter en pâture des pères de famille comme dans cette vidéo mensongère où
vous avez présenté le respectable homme de Dieu Jules Bertrand MEKAME MBA en
chef de guerre.
Monsieur,
nous aurions aimé vous entendre dire le droit à Madame la procureur de la
République près le tribunal de première instance de Libreville. Lorsque
malencontreusement, elle a osé s’immiscer dans une procédure ouverte devant un
juge civil. En justicier de l’ordre républicain, vous auriez pu rappeler à
cette dame bien agitée qu’en droit gabonais, le ministère public n’a aucun
intérêt à être le porte-voix d’une juridiction civile dans le cadre d’un
contentieux où il n’est que partie jointe. Que, par son excès de zèle, elle
fragilise le Pacte Républicain et abîme l’indépendance de la justice si chère
au chef de l’Etat que vous défendez.
Malheureusement
pour l’image de la justice et heureusement pour vos arrières, vous avez choisi
de vous taire ! Votre mutisme étant assujetti à la vision émergente de la
justice gabonaise.
Préférant
proférer des injures sur toute une corporation, en déversant inutilement votre
haine sur un Doyen de Faculté de droit, au risque de nuire aux intérêts du
Président de la République, vous avez par cette sortie peu glorieuse démontré
que la parole d’un responsable politique, doit être rare, surtout lorsqu'elle
n’apporte pas grand-chose au débat. Cette parole ne peut tout dire. Si elle ne
peut ne pas dire ce qu’il y a à dire, elle doit le dire avec mesure pour ne pas
transgresser les valeurs cardinales de la République : Séparation des pouvoirs,
indépendance de la justice, autorité de la loi, puissance de l’Etat etc…
Sont
les fondements de l’Etat de droit…
Tenez
le pour dit
Persis Lionel ESSONO ONDO
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